# **Pourquoi tant de personnes sont piratées par des logiciels espions gouvernementaux ?**
Les logiciels espions gouvernementaux, censés cibler uniquement des criminels et terroristes, sont de plus en plus utilisés contre des journalistes, militants et opposants politiques. Une enquête récente révèle que ces outils de surveillance prolifèrent bien au-delà des cas « rares » promis par leurs fabricants. Comment expliquer cette dérive inquiétante ? Et pourquoi les victimes sont-elles si nombreuses ?
1. La promesse trahie des logiciels espions
Les entreprises comme NSO Group ou Paragon affirment que leurs technologies servent à combattre le crime organisé et le terrorisme. Pourtant, des centaines de cas documentés prouvent le contraire :
- Journalistes surveillés au Maroc et aux Émirats arabes unis.
- Militants des droits humains piratés en Arabie saoudite.
- Consultants politiques espionnés en Italie.

Eva Galperin, de l’Electronic Frontier Foundation, souligne : « Cibler des personnes est si facile que les gouvernements surveillent des opposants mineurs, sans crainte de conséquences. »
2. Un système conçu pour l’abus
Les logiciels comme Pegasus ou Graphite fonctionnent comme des consoles simplistes : il suffit d’entrer un numéro de téléphone pour lancer une surveillance. Cette facilité encourage les dérives :
- Des forfaits « illimités » vendus à des régimes répressifs.
- Aucune transparence sur les cibles réelles.
- Peu de sanctions contre les gouvernements abuseurs.

John Scott-Railton, chercheur à Citizen Lab, alerte : « Ces outils menacent la démocratie et doivent être régulés comme tels. »
3. L’impunité, moteur des abus
Malgré quelques sanctions (comme celles contre NSO Group), le marché des logiciels espions reste florissant. Les raisons :
- Manque de contrôles internationaux.
- Diplomatie inefficace (malgré les efforts de la France et du Royaume-Uni).
- Demande croissante de gouvernements autoritaires.

Galperin résume : « Espionner des ‘petits poissons’ montre que les États agissent en toute impunité. »
4. Peut-on stopper cette surveillance massive ?
Quelques lueurs d’espoir existent :
- Paragon a rompu avec l’Italie après des abus présumés.
- Des enquêtes ont été lancées en Grèce et en Pologne.
- Les sanctions américaines visent certains fabricants.
Mais face à un marché de plusieurs milliards de dollars, ces mesures suffiront-elles ?
Conclusion : Un danger pour les libertés
Les logiciels espions gouvernementaux ne sont plus l’exception, mais la règle. Leurs cibles ? Quiconque dérange un régime. Sans régulation stricte, cette surveillance invasive risque de se normaliser, érodant toujours plus nos droits fondamentaux. La question n’est plus si d’autres personnes seront piratées, mais quand.